1) Le concept existe dans la langue/culture d’arrivée, nous proposons, par ordre de priorité, les techniques suivantes:
1) Le concept existe dans la langue/culture d’arrivée, nous proposons, par ordre de priorité, les techniques suivantes:
  

  – l’équivalent: il s’agit d’une traduction qui inclut la totalité du concept original. Par exemple, transitoriedad (substantif de transitoire), pour traduire mi rtag pa (impermanence). Le terme impermanencia n’étant pas consigné dans les dictionnaires, il nous semble plus cohérent d’utiliser le terme transitoriedad qui existe dans la langue d’arrivée, dans la mesure où il renvoie à la totalité du concept bouddhiste, plutôt que d’opter pour un néologisme, même si du point de vue lexical il est tout à fait possible de créer impermanencia en faisant précéder d’un préfixe le terme permanencia qui, lui, figure dans les dictionnaires;

       – l’équivalent contextuel : il s’agit d’un terme de la langue d’arrivée qui renvoie à un concept ne couvrant pas la totalité du concept bouddhiste évoqué par le terme tibétain. Cette technique correspond à un enrichissement de la langue/culture d’arrivée, ce qui arrive fréquemment dans la traduction philosophique. En effet, le « terme philosophique est souvent un mot existant auquel le philosophe donne un nouveau sens ou un sens plus spécifique » (Brownlie 2002, 296). Par exemple, mente (esprit), conciencia (conscience), vacuidad (vacuité), sufrimiento (souffrance).
 
2) Le concept n’existe pas dans la langue/culture d’arrivée, nous proposons, par ordre de priorité, les techniques suivantes:
    

  – la création : il s’agit de créer un terme nouveau pour la langue/culture d’arrivée. C’est une technique qui est très utile, car elle permet souvent de parvenir plus facilement qu’avec le calque ou l’emprunt à la compréhension du nouveau concept. Le bouddhisme considère, par exemple, trois types de souffrance. Le premier type de souffrance correspond à ce que nous entendons d’ordinaire par souffrance, c’est à dire, toutes sortes de douleur physique ou mentale. Le deuxième est la souffrance engendrée par la nature transitoire des phénomènes. Dans le troisième type, il s’agit de la souffrance qui caractérise toute forme d’existence conditionnée. Nous avons opté pour traduire le premier type correspondant à la souffrance ordinaire et pour bien le distinguer des deux autres, par sufrimiento por el dolor (souffrance due à la douleur) au lieu d’opter pour le calque traditionnel sufrimiento del sufrimiento (souffrance de la souffrance) qui nous semble peu éclairant, non seulement à cause de la répétition du mot souffrance, mais aussi à cause de la construction grammaticale qui, en espagnol, pourrait laisser à penser que la souffrance souffre;

       – la périphrase : il s’agit d’expliquer le concept qui correspond à un seul terme dans la langue de départ, en utilisant plusieurs mots : une proposition, une expression, sachant qu’un seul terme ne peut rendre le concept dans la langue d’arrivée. Par exemple, pour traduire « le Bouddha » el que ha despertado (celui qui s’est éveillé, qu’on traduit en français par « l’Éveillé »);

       – le calque : il s’agit d’une traduction littérale, lexicale, du terme tibétain ou sanscrit. Par exemple, el Despertar (l’Éveil), sufrimiento por el cambio (souffrance due au changement). Il est important ici d’insister sur la différence entre le calque et l’équivalent contextuel. Par exemple, le terme « souffrance » est un équivalent contextuel car, même s’il le dépasse, il renvoie parfois au concept de souffrance tel que nous le comprenons généralement. Par contre, « souffrance due au changement » est un concept complètement nouveau;

       – l’emprunt : il s’agit ici de ne pas traduire mais d’adapter le terme tibétain ou sanscrit au système de la langue d’arrivée. Ainsi buddha devient « buda » pour s’adapter aux normes de la langue espagnole ; il est par ailleurs consigné dans les dictionnaires. Bodhisattva devient « bodisatva ». Nous suivons à ce sujet Martínez de Sousa, pour qui l’emprunt peut être intégré, c’est à dire complètement adapté au système phonologique et graphique, ou bien acclimaté, dans les cas où il est consacré par l’usage sous une forme qui n’est pas complètement adaptée au système phonologique et graphique, (par exemple, dharma). Ainsi, nous avons décidé d’accepter les emprunts intégrés et acclimatés qui sont consacrés par l’usage, et d’opter dorénavant pour l’intégration des nouveaux emprunts quand ils seront nécessaires.